Le projet Exogenesis est le fruit de la collaboration entre Raphaëlle Mueller – plasticienne, Marius Barthaux – danseur contemporain -, Marino Palma – musicien – et Valentin Dubois – architecte d’intérieur-. Il s’agit ainsi d’une création pluridisciplinaire qui convoque à la fois les arts plastiques, les arts de la scène, une dimension sonore ainsi qu’une réflexion sur l’espace. En tant qu’installation-performance bio-art, elle invite ainsi également la biologie et des performeurs non-humains tel que des insectes vivants.
Aspect Bio-art
L’origine du projet repose sur une réflexion quant à la matérialité de l’Anthropocène, ceci par l’un de ses marqueurs principaux: les matières plastiques. Prenant en compte l’état de plastification avancé de notre biosphère ainsi que les difficultés de décomposition relatives à ces matières synthétiques, nous nous intéressons à l’une des pistes spéculatives de bio-remédiation qui consiste à faire métaboliser du polystyrène par des micro-organismes.
Ainsi, l’installation-performance Exogenesis met en perspective une collaboration spéculative entre humains et non-humains dans le cas particulier de la gestion/transformation des déchets de type polymères. Quelques études scientifiques récentes se penchent en effet sur la capacité des superworms Zophobas Morio (notamment) à se nourrir puis métaboliser les matériaux plastiques tels le polystyrène expansé, un phénomène qui doit néanmoins être plus amplement investigué. Ainsi, les arthropodes d’Exogenesis sont nourris par les déchets de polystyrène d’une installation/sculpture précédente de Raphaëlle Mueller, matériaux qui seront potentiellement métabolisés/décomposés par les ‘superworms’ ZM.
Aspect Performatif
L’enjeu d’Exogenesis est double. Le projet tient d’une part – comme évoqué – à mettre en action un potentiel processus de dépollution par le vivant, ceci au travers d’une expérimentation au long terme. Il tient également à partager au public un sens de la ‘corporéalité’ de la larve Zophobas Morio, ainsi que son contexte sonore, afin de proposer une immersion dans un univers non-humain. Cette ‘corporéalité’ de larve est performée par le danseur Marius Barthaux. Loin d’une anthropomorphisation de l’insecte, elle est l’ébauche d’un langage corporel inspiré et défini par la sensorialité-morphologie-motricité des ‘superworms’ ZM. Pour ce faire, le performeur s’entraîne à déconditionner ses réflexes humains ainsi que son centre de gravité, afin de penser son corps tel un long exosquelette ou tube digestif, se représentant la larve ZM comme un intestin vivant. La contrainte principale qu’il s’impose est de danser à partir de son système digestif, en travaillant à percevoir son corps d’une manière globale, sans différenciation de telle ou telle partie, guidé par la sensorialité plutôt que sur sa réflexivité d’humain.
Le dispositif de la performance met en place un nombre de contraintes qui poussent plus loin la perte de repère humains: surfaces glissantes qui redéfinissent un rapport à l’espace et au possibilités de contrôle de l’équilibre, ainsi qu’une forte immersion sonore dans le monde intime des Zophobas Morio.